Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/335

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trempent le nez dans l’écume du verre de sang de mademoiselle de Sombreuil.

Ils sortent de sa tombe le général Bréa, agitant le suaire de Clément Thomas.

» Assez !

» Vous parlez de vos morts, mais comptez donc les nôtres. Compère Favre, retrousse ta jupe pour ne pas la franger de rouge et entre, si tu l’oses, dans le charnier de la révolution.

» Les tas sont gros.

» Voici Prairial et Thermidor, voici Saint-Merry, Transnonain, Tiquetonne.

» Que de dates infâmes et que de noms maudits !

» Et sans remonter si haut, sans fouiller la cendre des ans passés, qui donc a tué hier et qui tue encore aujourd’hui ?

» Qui donc a enrôlé Charette et Failly ? qui donc a battu le rappel en Vendée, lancé sur Paris la Bretagne ?

» Qui donc a mitraillé au vol un essaim de fillettes à Neuilly ?

» Bandits !

» Mais aujourd’hui c’est la victoire, non la bataille qui marche derrière le drapeau rouge. La ville entière est levée au son des trompettes. Nous allons, vautours, aller vous prendre dans votre nid, vous apporter tout clignotants à la lumière.

» La Commune vous met ce matin en accusation,

» Vous serez jugés et condamnés, il le faut !

» Heindrech passe ton couperet sur la pierre noire.

» Oui !

» En fondant la Montagne, j’ai fait le serment de Rousseau et de Marat : mourir s’il le faut, mais dire la Vérité.

» Je le répète, il faut que la tête de ces scélérats tombe ! » » Gustave Maroteau. »