Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

désavoué par les consciences, il voulut en imposer par la terreur.

Près d’un an après la Commune, le 22 février, à sept heures, les poteaux de Satory furent de nouveau ensanglantés. Lagrange, Herpin Lacroix, Verdaguer, trois braves et vaillants défenseurs de la Commune, payèrent de leur vie comme tant d’autres la mort des deux généraux Clément Thomas et Lecomte que Herpin Lacroix avait voulu sauver et qui avaient préparé eux-mêmes leur fatalité.

Le 29 mars, Préau de Vedel ; le 30 avril, Genton, se traînant sur des béquilles cause de ses blessures, mais fièrement debout au poteau.

Le 25 mai, Serizier, Bouin et Boudin, pour avoir pendant les jours de mai tué un individu qui s’opposait à la défense.

Le 6 juillet, Baudouin et Bouillac pour l’incendie de Saint-Éloi, et la lutte devant les barricades.

Arrivés au poteau, ils brisèrent les cordes et luttèrent contre les soldats, ils furent massacrés comme des bœufs à l’abattoir.

— C’est avec cela qu’ils pensaient, dit l’officier qui commandait, en remuant du bout de la botte les cervelles répandues à terre.

Comme s’étaient amoncelés les cadavres on entassait les condamnations ; après le délire du sang il y avait le délire des jugements. Versailles crut faire avec la terreur le silence éternel.

Des écrivains furent condamnés à mort pour des articles de journaux : ainsi Maroteau, condamné à mort pour des articles de la Montagne.

La profession de foi de ce journal n’était que l’exact compte-rendu des faits. Maroteau y disait en parlant de la réaction :

« Quand ils sont à bout de mensonges et de calomnies, quand leur langue pend, pour se remettre ils se