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sa fleur, plus que l’opium, plus que le haschisch procure un sommeil aux rêves fantastiques, bercés par un rythme pareil à celui des flots.

Les takatas, prêtres, médecins, sorciers des Canaques prennent de l’infusion de fleurs de niaouli pour se donner la vision du pays des blancs et d’autres, regardées comme prophétiques. Le niaouli est l’arbre sacré.

Les seuls animaux sont l’oiseau à lunettes assez familier pour lorgner de tout près ce qu’on fait, le cagou, le notou pigeon au rugissement de fauve, quelques tortues sur la grande terre, des lézards partout, de grands serpents d’eau, dont les crochets sont trop courts ; du reste nulle plante, nul animal n’ont de venin en Calédonie. Le vampire calédonien (la roussette, grande chauve-souris à tête de renard) ne boit pas même de sang, elle se nourrit de cocos plus souvent que de petits oiseaux. Les grenouilles abondent, croassant avec des voix formidables. Mouches bleues, guêpes, crancrelats, deux fois par an la neige grise des sauterelles et toujours les moustiques par nuées, une multitude de poissons de toutes sortes et de toutes les couleurs, quelques chats sauvages, descendants de ceux qui y furent laissés par Cook devenus pêcheurs et qui, à force de s’appuyer sur les pattes de derrière en sautant, ont pris quelque analogie avec la forme du lapin, pas d’autres bêtes dangereuses que les requins, telle est à peu près toute la faune calédonienne. N’oublions pas l’énorme rat venu de quelques épaves de navires. Je disais que les animaux calédoniens sont sans venin ; s’ils n’en ont point pour l’homme, entre eux il en est autrement : la mouche bleue pique le cancrelat avant de lui crever les yeux ; il est probable qu’elle lui injecte une sorte de curare. La guêpe, qui mure dans son nid d’autres mouches, les anesthésie, pour qu’elles servent vite encore à la nourriture de ses petits qu’elle pond autour des victimes.