Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/376

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Parmi les bruyères roses au sommet des mamelons de la forêt ouest dans des rocs écroulés, comme des ruines de forteresse, des lianes aux feuilles transparentes, et fragiles, aux fleurs embaumées, sont la retraite de grands mille pieds, qui s’enlacent comme des serpents autour d’autres insectes après les avoir attirés ; dans ces mêmes bruyères roses une araignée brune velue comme un ours, dévore son mari une fois qu’il ne lui plaît plus, ayant eu soin de l’attacher dans sa toile.

Un autre monstre, d’insecte, une araignée, encore laisse travailler à sa toile des araignées plus petites, que sans doute elle mange à son loisir.

La troisième année seulement de notre séjour à la presqu’île Ducos, nous avons vu des papillons blancs. Sont-ils triannuels ou serait-ce le résultat de la nourriture nouvelle, apportée aux insectes par les plantes d’Europe semées à la presqu’île ?

Souvent je revois ces plages silencieuses, où tout à coup sous les palétuviers on entend sans rien voir, clapoter l’eau sous quelque combat de crabes, où la nature sauvage et les flots déserts semblent vivre.

Tous les trois ans dans les cyclones, les vents et la mer hurlent, rauquent, mugissent les bardits de la tempête ; il semble alors que la pensée s’arrête, et qu’on soit porté par les vents et les flots entre la nuit du ciel et la nuit de l’océan. Parfois un éclair immense et rouge déchire l’ombre, d’autres fois il est livide.

Le bruit formidable de l’eau qui se verse par torrents, les souffles énormes du vent et de la mer, tout cela se réunit en un chœur magnifique et terrible.

Les cyclones de nuit sont plus beaux que les cyclones de jour.

La mer a des phosphorescences superbes par les nuits calédoniennes, où dans le bleu intense du ciel les constellations semblent tout près, il n’y a point de