Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/378

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Numbo. Un jour que nous étions sept ou huit autour de la table, on pensa la défoncer en appuyant chacun de son côté ; au nord aussi est la maison à ogives vertes, de Regère.

Il y a encore la grande case de Kervisik, du côté de l’hospice où demeure Passedouet en attendant sa femme. Celle de Burlot toute seule en haut du côté du père Royer, le vieux Mabile au bord de la mer, à Tendu, je les revois toutes. L’énumération tiendrait un volume, toutes ces pauvres cases de brique crue, couvertes de paille des brousses qui vues des hauteurs avaient l’air d’une grande ville des temps antiques.

L’évasion de Rochefort et de cinq autres déportés, Jourde, Olivier Pain, Paschal Grousset, Bullière et Granthille, affola l’administration calédonienne. Un conseil de guerre fut réuni, le gouverneur Gautier de la Richerie était en voyage d’exploration, sur un des navires, qui gardaient les déportés ; le second navire était à l’île des Pins, il y avait déjà quarante-huit heures que les évadés étaient partis, tous les gardien tremblaient de peur d’être révoqués ; ils étaient d’autant plus furieux que la gaieté était plus grande à la presqu’île Ducos.

Les surveillants virent en faisant l’appel, que Rochefort, Olivier Pain, Granthille manquaient ; la vérité ne fut pas de suite comprise, les déportés l’ayant saisie plus vite, répondaient des choses telles que ceci : à l’appel de Bastien Granthille quelqu’un s’écria : il a des bottes, Bastien, il est allé les mettre.

Et comme on appelait désespérément Henri Rochefort, les uns dirent : il est allé allumer sa lanterne ; d’autres, il a promis de revenir, d’autres encore : Va-t’en voir s’ils viennent.

Trop inquiets pour pouvoir punir en ce moment, les autorités se réservaient pour plus tard. Le spectacle de la franche gaieté qui régnait parmi les déportés met-