Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/390

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Nou, la ferme, une batterie de canons du même côté. Combien longtemps on restait sur le rivage contemplant cette terre désolée !

Vers la fin de la déportation, ceux de l’île Nou vinrent habiter la presqu’île Ducos. Ce fut une joyeuse fête, la seule qu’on eut depuis 71, mais elle compta largement.

L’administration se sert contre les évasions, de canaques plus brutes que les autres, dressés à attacher les évadés à un bâton qu’ils portent à deux les bras et les jambes liés ensemble, de la même façon qu’ils font pour les porcs ; c’est ce qu’on appelle la police indigène : Il est surprenant qu’on n’en ait pas encore fait venir à Paris quelques compagnies disciplinées pour les aider et réciproquement qu’on n’en envoie pas en France.

Tous les Canaques ne sont pas corrompus de cette manière, ils ne purent supporter les vexations qu’on leur faisait endurer et engagèrent une révolte qui comprenait plusieurs tribus.

Les colons, (ceux que protégeait l’administration, s’entend) avaient enlevé une femme canaque. Leurs bestiaux allaient pâturer jusque sur la porte des cases, on leur distribuait des terres ensemencées par les tribus — la plus brave de ces tribus, celle du grand chef Ataï, entraîna les autres.

On envoya les femmes porter des patates, des taros, des ignames, dans les cavernes, la pierre de guerre fut déterrée et le soulèvement commença ; du côté des Canaques, avec des frondes, des sagaies, des casse-tête ; du côté des blancs, avec des obusiers de montagne, des fusils, toutes les armes d’Europe.

Il y avait près d’Ataï un barde d’un blanc olivâtre, tout tordu, et qui chantait dans la bataille ; il était takata, c’est-à-dire médecin, sorcier, prêtre. Il est probable que les prétendus Albinos vus par Cook dans ces parages étaient quelques représentants d’une race