Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/40

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presque modérés à un passage d’un document signé Pierre Bonaparte et où on lisait cette phrase ignoble au sujet des républicains :

» Que de vaillants soldats, d’adroits chasseurs, de hardis marins, de laborieux agriculteurs la Corse ne compte-t-elle pas qui abominent les sacrilèges et qui leur eussent déjà mis les tripes aux champs si on ne les eût retenus !

» En second lieu, quand on désire une satisfaction par les armes, on écrit à son insulteur :

« Je me considère comme offensé par tel ou tel alinéa de votre article et je vous envoie deux de mes amis que je vous prie de vouloir bien mettre en rapport avec les vôtres.

» Pierre Bonaparte, qui avait été à Rome condamné pour un meurtre commis en Italie, s’était battu assez souvent pour savoir que les affaires d’honneur se règlent par l’entremise de témoins et non entre les adversaires eux-mêmes.

» Cette étrange façon de m’attirer chez lui, où je n’avais rien à faire, en ayant soin de m’indiquer que je ne le trouverais ni dans un palais, ni dans un château, ressemblait à un guet-apens dans lequel, à force d’outrages, il avait évidemment espéré me faire tomber.

» En effet, ses impertinences n’avaient aucune raison d’être, attendu que je n’avais jamais refusé de me battre et que c’était précisément parce que je m’étais trop battu, que dans une réunion électorale à laquelle je n’assistais même pas, les électeurs avaient voté un ordre du jour m’enjoignant de ne pas recommencer.

» Comme il était particulier que le Bonaparte qui me demandait raison au nom de sa famille, fût celui qui avait lui-même reproché injurieusement à Napoléon III sa mésalliance, c’est-à-dire son mariage avec mademoiselle de Montijo.