Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/400

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arabe amnistié presque mourant et — qui avait promis d’offrir ce pèlerinage à Allah s’il revenait. Allah se montre peu généreux à son égard, tandis qu’à nous, les ennemis des dieux, était donnée jusqu’à la fin, la vue de la Mer Rouge, du Nil où frissonnent les papyrus, tandis que sur les rives les chameaux des caravanes, couchés, allongent leurs cous sur le sable.

Quelle vue étrange, les rochers aux formes de sphinx, et, à perte de vue, la grande étendue des sables. Il nous restait la surprise d’errer huit jours dans la Manche à la fin du voyage.

Par un brouillard intense où l’on ne voyait que les phares du John Helder pareils à des étoiles errant au son de la cloche d’alarme, avec le gémissement continuel de la sirène. On eût dit un rêve.

L’opinion générale était que nous étions perdus et quand enfin nous arrivâmes à l’embouchure de la Tamise, les amis, venus à notre rencontre sur des barques, pleuraient de joie.

On nous reçut à bras ouverts, nous trouvions là Richard, Armand Moreau, Combault, Varlet, Prenet, le vieux père Maréchal, un autre bien plus vieux encore qui étant boulanger avait dans les premiers temps de l’exil offert l’abri de son four et du pain aux premiers échappés de l’abattoir, le père Charenton.

Au dîner chez madame Oudinot, je vois encore comme aujourd’hui Dacosta, nous attendant en haut de l’escalier, des larmes plein les yeux.

Beaucoup étaient partis déjà, mais nous pouvions dire à ceux qui restaient combien nous avions été heureux là-bas, au temps d’Aleiron de recevoir à travers tout le hardi manifeste des communeux de Londres (Voir à l’appendice, no 3, page 413.)

On nous chanta comme il y avait dix ans, la chanson du bonhomme.