Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/58

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Il y eut donc forcément quelques acquittés parmi lesquels Ferré, qui avait insulté le tribunal, mais contre lequel les faits avaient été si maladroitement entassés qu’ils tombaient d’eux-mêmes devant l’auditoire stupéfait, ce qu’on lui attribuait n’ayant pas existé et les témoignages contradictoires ne découvrant que la main stupide de la police.

Ceux d’entre les condamnés qui devaient être déportés n’eurent pas le temps de partir.

L’Empire avait en vain compté sur le procès de Blois placé le 15 juillet en face de la déclaration de guerre, pour faire passer cette guerre, résultat d’une entente entre despotes, comme nécessaire et glorieuse, en même temps qu’il motiverait les persécutions contre les révolutionnaires.

Les hommes du procès de Blois étaient capables de combattre et de conspirer contre Napoléon III ; mais ils ne l’avaient pas fait de la façon indiquée par les policiers ; c’étaient des audacieux, on n’avait pas su leur faire des rôles allant à leur caractère. Entre la terreur de la révolution et la marche triomphale à Berlin, Napoléon III congratulé par Zangiacommi, qui le félicitait d’avoir échappé au complot dirigé contre sa vie, se demandait si les machinations policières ne finiraient pas par aider à éclore un complot véritable.

Pendant ce temps les vieux burgraves Bismark et Guillaume rêvaient de l’empire d’Occident, de Charlemagne et de ses pairs.

Le traître Guérin comparut avec les autres, mais sa louche attitude, les maladresses de la haute cour, d’anciens doutes à son égard, réveillés par l’interrogatoire, fixèrent l’opinion sur la mission odieuse qu’il avait accomplie.

Comme nous n’aurons plus l’occasion de parler de cet individu, plaçons ici la phase dernière de son existence.