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» J’allai le soir du 31 voir la bataille au fort de Saint-Julien et le lendemain 1er septembre, à la queue du champ de bataille, j’y rencontrai en particulier Saillard, devenu chef d’escadron, qui attendait avec deux batteries le moment de s’engager.

» J’ai rarement éprouvé un plus grand serrement de cœur, qu’en voyant les dernières chances qui nous restaient aussi honteusement abandonnées, car chaque fois qu’on se battait je reprenais confiance. »

(Papiers posthumes de Rossel recueillis par Jules Amigues.)

N’était-ce pas une chose étrange que ces hommes inconnus les uns aux autres songeant à la fois à la même heure néfaste, où les despotes achevaient leur œuvre — les uns à proclamer la République libératrice, les autres, à débarrasser l’armée des états-majors insolents et viveurs de l’Empire.

Tandis que les victoires par dépêches continuaient, sonnaient leurs trompes sur toutes les défaites, on eût exécuté Eudes et Brideau sans les retards apportés à cette exécution par une lettre de Michelet couverte de milliers de signatures protestant contre cette criminelle mesure.

Un tel vent d’effroi passait sur Paris pendant cette dernière phase de l’agonie impériale que plusieurs de ceux qui avaient d’abord, avec enthousiasme donné leur signature, venaient la redemander (il y allait, disaient-ils, de leur tête !)

Comme il y allait surtout de la tête de nos amis Eudes et Brideau, j’avoue pour ma part n’avoir voulu rendre aucune de ces signatures sur les listes qui m’étaient confiées.

Nous fûmes chargées, Adèle Esquiros, André Léo et moi, de porter le volumineux dossier chez le gouverneur de Paris. — C’était le général Trochu.

Ce n’était pas chose facile d’y parvenir, mais on