Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/68

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impraticables. Je me rappelle que le soir, avec mon camarade X, esprit généreux et résolu qui était tout à fait gagné à mes idées, nous nous promenions devant ces hôtels bruyants de la rue des Clercs, remplis à toute heure de chevaux, de voitures, d’intendants couverts de galons et de tout le tumulte d’un état-major insolent et viveur. Nous examinions les entrées, comment étaient placées les portes et comment, avec cinquante hommes résolus, on pouvait enlever ces gaillards-là, et nous cherchions ces cinquante hommes et nous n’en avons pas trouvé dix.

» Le 14 août, vers le soir, nous vîmes du haut des remparts de Serpenoise l’horizon depuis Saint-Julien jusqu’à Queuleu illuminé des feux de la bataille. Le 16, l’armée avait passé la Moselle et trouvait l’ennemi devant elle. Aussitôt que je fus débarrassé de mon service, les convois de blessés qui arrivaient annonçaient une grande bataille. Je courus à cheval par Moulins et Chatel jusqu’au plateau de Gravelotte où j’assistai à une partie de l’action à côté d’une batterie de mitrailleuses magnifiquement commandée.

» (J’ai revu une fois depuis, le jour de la capitulation, le capitaine de cette batterie.) Le 18, j’allai encore le soir voir la bataille et je rencontrai le général Grenier ; il en revenait ayant perdu sa division qui se débandait tranquillement, ayant combattu sept heures sans être relevé. Le lendemain, le blocus fut complété.

» Je n’en continuai pas moins à chercher des ennemis à ces ineptes généraux.

» Le 31 août et le 1er septembre, ils essayèrent de livrer une bataille et ne savaient même pas engager leurs troupes.

» Le malheureux Lebœuf chercha, dit-on, à se faire tuer et réussit seulement à faire tuer sottement beaucoup de braves gens.