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Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/74

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La place de la Concorde était pleine de groupes ; d’autres suivaient les boulevards, parlant gravement entre eux : il y avait de l’anxiété dans l’air.

Dès le matin, un jeune homme qui l’un des premiers avait lu l’affiche du gouvernement la racontait avec des gestes de stupeur : il fut immédiatement entouré de gens qui criaient aux Prussiens, et conduit au poste de Bonne-Nouvelle où un agent se jetant sur lui le blessa mortellement.

Un autre, affirmant qu’il venait de lire le désastre sur l’affiche, allait être assommé sur place, quand un des assaillants, qui, celui-là, était de bonne foi, levant par hasard les yeux, aperçut la proclamation suivante que tout Paris lisait en ce moment avec stupeur.

« Le conseil des ministres au peuple français.

» Un grand malheur a frappé la patrie. Après trois jours d’une lutte héroïque soutenue par l’armée du maréchal Mac-Mahon, contre trois cent mille ennemis, quarante mille hommes ont été faits prisonniers !

» Le général Wimpfen qui avait pris le commandement de l’armée en remplacement du maréchal Mac-Mahon, gravement blessé, a signé une capitulation : ce cruel revers n’ébranle pas notre courage.

» Paris est aujourd’hui en état de défense, les forces militaires du pays s’organisent ; avant peu de jours, une armée nouvelle sera sous les murs de Paris.

» Une autre armée se forme sur les rives de la Loire.

» Votre patriotisme, votre union, votre énergie, sauveront la France.

» L’Empereur a été fait prisonnier pendant la lutte.

» Le gouvernement, d’accord avec les pouvoirs publics prend toutes les mesures que comporte la gravité des événements.