Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/79

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Avec d’autres sentiments nous aussi, nous nous rendions compte.

Guillaume approchait, tant mieux ! Paris en sortie torrentielle écraserait l’invasion ! Les armées de province se rejoindraient, n’avait-on pas la République ?

Et la paix reconquise, elle ne serait pas la République guerroyeuse, agressive aux autres peuples, l’Internationale remplirait le monde sous la brûlante poussée du germinal social.

Et dans la conviction profonde du devoir on demandait des armes que le gouvernement refusait. Peut-être craignait-il d’armer les révolutionnaires ; peut-être en manquait-il réellement ; on avait des promesses, c’était tout. Les Prussiens continuaient d’avancer, ils étaient au point où le chemin de fer cessait de fonctionner pour Paris ; plus près, toujours plus près.

Mais en même temps que les journaux publiaient la marche des Prussiens, une note officielle donnant le chiffre des approvisionnements rassurait la foule.

Dans les parcs, le Luxembourg, le Bois de Boulogne 200 000 moutons, 40 000 bœufs, 12 000 porcs entassés mouraient de faim et de tristesse, les pauvres bêtes ! mais donnaient une espérance visible aux yeux de ceux qui s’inquiétaient.

La provision de farine réunie à celles des boulangers était de plus de 500 000 quintaux, il y en avait environ cent mille de riz, dix mille de café, trente à quarante mille de viandes salées, sans compter l’énorme quantité de denrées que faisaient venir les spéculateurs comptant au centuple le prix, qui en cas désespéré eussent certainement passé avec les autres provisions pour la vie générale.

Les gares, les halles, tous les monuments étaient remplis.

Au nouvel Opéra dont le gros œuvre était achevé, l’architecte Garnier fit forer la couche de béton sur