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marguerites tout à fait mignonnes, les détails innombrables. Les amateurs du temps raffolèrent de ce genre de dorures, et le plus célèbre d’entre eux, de Thou, en compta un grand nombre dans sa bibliothèque.

Outre les hautes situations qu’il occupa pendant sa longue carrière, de Thou fut en 1593 nommé maître de la librairie, en remplacement d’Amyot ; il fut, à son tour, remplacé dans cette charge par son fils François, en 1617. François de Thou fut décapité en 1642 comme complice de Cinq-Mars.

L’un des chefs-d’œuvre de cette école est la reliure d’un « Matthioli : I Discorsi di Pedacio Dioscoride », Venise, 1568, in-folio, dont nous donnons la reproduction. (Pl VII.) Elle est aux armes de de Thou et de sa première femme, Marie de Barbançon-Cany. La Notice de la Bibliothèque nationale, où est exposé ce magnifique joyau, fait observer avec raison que cette reliure ne peut être antérieure à 1587, date du mariage de de Thou avec Marie Barbançon ; elle devient, par ce fait, plus intéressante encore pour l’histoire de la Reliure. Une autre reliure de ce style, admirable de composition et faite vers la même époque, figurait à la vente de M. Didot. Ce volume était aux armes et aux chiffres d’Etienne de Neuilly, prévôt des marchands (1582-1586). Le catalogue en donnait une reproduction.

Beaucoup de dessins de ce genre sont exécutés sur des livres reliés en vélin : l’exécution est des plus remarquables. La Bibliothèque de Rouen possède un manuscrit de le Gagneur ainsi orné, qui est une petite merveille, et la Bibliothèque nationale une reliure du même style, également en vélin, sur un volume (I Salmi di David ; Paris, 1573 ; in-32) dont la facture est surprenante.