Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/160

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donc procédé comme pour le grand doreur inconnu de la Renaissance. Lorsque nous avons eu groupé quelques-unes de ces œuvres capitales, que nous avons eu reconnu le même procédé, la même main, nous avons pu alors suivre et reconstituer l’œuvre presque entière et porter un jugement sur elle. Que nous importait de savoir qu’il avait épousé la fille de X… et avait eu d’elle tant d’enfants ou point ? (Le moindre petit pointillé faisait bien mieux notre affaire.) Nous n’avons pas attaché d’importance à l’absence ou à la présence, sur les plats, de la tête que l’on croit avoir été son portrait (?). Ce fer aurait pu être copié comme les autres. Nous la considérons comme une figure décorative, vu sa répétition fréquente, et non comme une marque. La bouche, le sommet de la tête, lui servaient souvent de point de départ pour des motifs de pointillés. On ne la retrouve pas sur les plats de l’Adonis, du La Fontaine manuscrit, exécuté par Jarry en 1658 pour le surintendant Fouquet. (Pl. XIV ; collection de M. Eug. Dutuit.)

Pour satisfaire à tous ces amateurs passionnés de belles reliures, sa longue existence n’aurait pas suffi, il eut certainement des élèves qui travaillèrent sous ses ordres : c’est par eux que furent faits les quatre volumes de théologie de saint Thomas d’Aquin, qui sont à la Bibliothèque Mazarine. Ce sont bien là les fers et les dessins du maître, mais non pas sa main ; tandis que le Joannis Cassiani Eremitæ, qui repose dans la même vitrine, a été doré par lui pour le chevalier Digby, ce réfugié anglais, fanatique de son talent, dont les livres sont heureusement demeurés en France. Nous en donnons la reproduction (pl. X).