Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/174

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des maîtres du temps, dans l’œuvre de Berain surtout, une foule de motifs applicables à la décoration du livre. Mais où sont les doreurs de la Renaissance ? On arriva à les encadrer de roulettes de plusieurs pouces de largeur, lourdes de dessin et d’exécution, et l’on tira au milieu les grandes armes dans une énorme couronne de chêne.

Ce sont des copies de ces lourdes couronnes de chêne, de laurier ou de fleurs dont Lebrun abuse dans les galeries de Versailles pour entourer l’image du soleil, le chiffre couronné et la devise « Nec Pluribus Impar » ; aux angles, nous revoyons le double L, à la fois énorme et maniéré, s’appuyant sur des palmes monstrueuses empruntées, comme le chiffre, aux dessins de ce peintre dont la personnalité hautaine et jalouse absorba toute une pléiade de décorateurs qui, livrés à eux-mêmes, avaient plus de mesure, étant moins bons courtisans, et plus de goût, parce qu’ils avaient moins de prétentions. Ces reliures visaient à la richesse, à la pompe ; mais ces masses d’or, en attirant le regard, ne faisaient que montrer davantage le vide, la nullité de la composition. Aussi la réaction fut-elle violente, et pendant les dernières années du dix-septième siècle on ne fit plus de riches dorures. Ne pouvant plus faire d’art, on allait faire des choses simples, et, à défaut de belles reliures, des livres bien reliés. Ce que l’on doit admirer dans les volumes de la fin du dix-septième siècle, surtout dans ceux de Boyet, c’est l’extrême solidité du corps d’ouvrage.

Il fallait remplacer l’ornementation absente par des qualités plus grandes de soin dans l’exécution de la reliure proprement dite ; aussi les efforts se portèrent vers ce but,