Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/175

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et les progrès furent considérables. Les plus riches volumes de cette époque sont doublés de maroquin avec des roulettes basses, et les livres sortis, dit-on, de l’atelier du premier des Boyet, qui appartient au dix-septième et au dix-huitième siècle, sont souvent faits de cette manière et bien exécutés. Fléchier, grand amateur de belles reliures, l’avait choisi pour son relieur. On lui attribue aussi, avec de bonnes raisons, une grande partie des reliures de la bibliothèque de Colbert ; c’est bien là son corps d’ouvrage, son maroquin ; et les ornements des compartiments de dos, dont on a remplacé cette fois les fleurons par la couleuvre (coluber) qui figure dans les armes du célèbre ministre, nous paraissent être ses fers.

Les coins et fleurons, les roulettes de ces excellents ouvriers appartiennent au style du dix-septième siècle. Voyant leurs travaux toujours appréciés des amateurs, ils restèrent en dehors des changements qui se produisirent dans l’ornementation extérieure des livres dès les premières années du règne de Louis XV, comme nous le montrerons bientôt, et c’est pour cette raison que l’on trouve encore beaucoup de reliures, datant de la Régence, qui sont absolument construites et décorées comme celles du siècle de Louis XIV. Le second des Boyet[1] avait encore, en 1733, le titre de relieur du Roi. Malgré la sobriété de leur ornementation, ils étaient évidemment les continuateurs de l’œuvre de le Gascon ; il fallut à la nouvelle école des protecteurs illustres pour assurer son triomphe définitif, et l’ancienne avait des racines tellement profondes que l’on peut dire qu’elle ne fut pas vaincue, mais absorbée petit à petit quand la mort

  1. Voir aux Notes.