Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/209

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a donné des ors plus ou moins lourds ; mais le rendu, le sentiment, est le même. On contemple aujourd’hui avec plaisir ce hardi papillotage des nuances que le temps a adoucies, cette gaieté de tons particulière aux décorateurs du dix-huitième siècle, qui peignaient marquises, moutons et bergères roses dans des paysages aux feuillages bleus.

Les Padeloup avaient fait des tentatives assez nombreuses pour représenter en mosaïque des feuilles et des fleurs, mais la tournure est plus lourde ; ce sont en quelque sorte des ébauches. Ces compositions, dans lesquelles les fleurs jouent le principal rôle, appartiennent du reste à ce que l’on pourrait appeler le deuxième groupe des mosaïques du dix-huitième siècle. Ces dessins sont peu appréciés par certains amateurs. S’il est vrai que le manque absolu de symétrie, de parallélisme produise rarement en reliure un bon effet, il ne faut pas cependant, de parti pris, rejeter les compositions ainsi comprises. En se bornant à demander la symétrie dans les angles, et en permettant les fantaisies d’imagination au centre, surtout lorsque la flore a fourni le sujet de la décoration, on peut obtenir des effets très-agréables, les motifs de coins se soutenant mutuellement et formant cadre, puis le milieu rompant par la variété de ses lignes avec la froideur que comporte généralement une composition absolument symétrique.

Tout cela est affaire de goût. Il y a pour la décoration d’un livre, comme pour celle d’un objet quelconque, une loi qui prime et doit primer toutes les autres : l’appropriation de l’ornementation au sujet, à la destination de l’objet à décorer. Que devient le vin le plus fameux dans la coupe la mieux ciselée, si les aspérités des bords ne permettent