Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/22

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une reliure que ces adjonctions de Suites que l’on a pris la coutume de faire après coup. Cette malheureuse habitude est devenue, chez certains collectionneurs, une véritable manie ; ces amateurs ne devraient jamais donner à leurs livres d’autre enveloppe que le classe-feuille à tringle des négociants ; ils pourraient au moins s’offrir chaque matin le plaisir de faire passer leurs gravures d’un exemplaire dans un autre.

Le livre sera cousu sur nerfs ; cela n’est pas indispensable pour les volumes très-minces, mais cela est toujours préférable, l’idéal de la Reliure étant à notre avis que si, pour un motif quelconque, accident ou caprice, le livre devait être dérelié, il se retrouve autant que possible intact, sans blessures dans les fonds. Si avec cela les marges ont été respectées, l’exemplaire peut redevenir aussi beau, tandis qu’un livre mal relié est à peu près perdu.

Les beaux exemplaires des ouvrages du dix-huitième siècle, si recherchés aujourd’hui, sont très-rares parce qu’ils ont été pour la plupart massacrés à la reliure. Une reliure est un habit ; si riche que soit un vêtement, il a d’abord et surtout pour but la conservation du livre.

Que le corps d’ouvrage soit serré, solide, « bien compris », comme celui des livres du dix-septième siècle, mais avec plus de fini et d’élégance. C’est en s’inspirant de la manière de faire de cette époque que le doyen des bons Relieurs modernes, M. Trautz-Bauzonnet, s’est acquis une réputation aussi grande que légitime. Il s’est attaché surtout, et avec raison, à conserver à la reliure cette solidité de corps d’ouvrage qui a fait de tout temps la renommée des vieux artistes français, dont la tradition, un instant brisée après