Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/226

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Si les premières mosaïques de Padeloup furent en général mauvaises de dessin, si les belles dentelles composées avec les fers des Derome ou de Dubuisson laissèrent à désirer au point de vue de l’exécution, la reliure proprement dite des livres sortis de chez ces relieurs célèbres eut souvent de grandes qualités de corps d’ouvrage. L’emploi du maroquin fut aussi meilleur, et Derome le jeune fit faire à la couvrure des progrès considérables ; il est vrai que les maroquins dont il se servit étaient plus faciles à travailler : ils étaient presque tous de provenance anglaise, mieux tannés et plus minces que les maroquins français du même temps. Le peu d’épaisseur n’est pas une qualité, au contraire ; mais la peau ainsi préparée demandait moins de travail, et la parure était rendue plus facile.

On doit reprocher à Derome d’avoir, dans son amour pour la régularité des tranches, abattu sans scrupule les marges et déprécié ainsi une grande partie des volumes qui sont passés par ses mains ; il oubliait que la reliure est faite pour le livre, et non le livre pour la reliure. S’il n’avait exercé sa barbarie que sur les livres de son temps, il n’y aurait encore que demi-mal ; mais en sa qualité de relieur à la mode, les amateurs lui confièrent de vieux et rarissimes livres qui furent ainsi assassinés : toutes les qualités d’élégance des premières œuvres de cet habile faiseur ne peuvent atténuer ce crime de lèse-bibliophilie. Ce ne fut pas la seule faute dont il se rendit coupable ; il grecqua ensuite sans pudeur la plupart des volumes, et finit par produire, non plus des reliures, mais une sorte d’emboîtages.

Une des heureuses innovations des Reliures du dix-huitième siècle fut l’emploi de l’étoffe au contre-plat et aux