Page:Michel - La Reliure française, 1880.djvu/72

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dite était exécutée chez le libraire, qui était le plus souvent imprimeur-libraire et relieur à la fois.

Dans un ouvrage plein de recherches et de savoir[1], il est dit cependant à tort que la dorure était faite par les écriniers ; mais les fabricants d’écrins, de coffrets à bijoux et à essences, d’aumônières, d’étuis à ouvrage, les bottiers même qui faisaient travailler alors les doreurs de profession, avaient moins que les relieurs besoin de les avoir sous la main.

Si la construction d’une reliure exige des soins de tous les instants et un certain goût de la part de l’ouvrier qui l’exécute, il est bien évident que le côté artistique de l’objet consiste dans l’ornementation extérieure.

Pour avoir laissé tant d’œuvres supérieures, la dorure a donc été faite à l’époque de la Renaissance par des artisans spéciaux sous la direction des grands artistes de ce temps, qui, après avoir fait des dessins typographiques pour l’intérieur, ne dédaignaient pas de concourir à la richesse de la couverture du livre.

Ces maîtres faisaient des modèles pour la reliure, comme ils en faisaient pour la céramique, l’orfèvrerie, les armures ; ils croyaient toujours, et avec raison, faire de l’art : l’épithète baroque d’art industriel n’avait pas encore été trouvée.

Presque tous les doreurs à la mode firent pour les écriniers, dont l’industrie fut très-importante aux seizième et dix-septième siècles, des œuvres de la plus grande richesse. Un riche collectionneur étranger, M. Spitzer, qui avait envoyé à l’Exposition rétrospective du Trocadéro, en 1878, des objets d’art de la plus haute valeur, possède, entre autres chefs-d’œuvre, deux coffrets recouverts de cuir.

  1. M. Clément De Ris, les Amateurs d’autrefois.