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LA MISÈRE

T LA MISÉRE 245 • < Madame, « C’est avec le plus vif regret que le conseil des Dames de chœur se voit dans << la triste nécessité de refuser l’habit des novices à mademoiselle Lucy, dont la « < vocation ne semble pas suffisante. « Sa santé, profondément altérée, nous fait un devoir de la rendre, tout de « suite, à sa famille dont les bons besoins et l’affection, avec la grâce de Dieu, ne << tarderont pas à la rétablir. « Que le Seigneur vous ait en sa sainte garde, madame, et vous fasse sup «  porter avec courage les épreuves dont la vie est semée. « J’ai l’honneur d’être, dans le saint cœur de Jésus et de Marie, votre sœur en

  • Dieu.

La supérieure, « Sœur SAINTE-CATHERINE. » Mme de la Plagne n’était pas encore revenue de son ahurissement, qu’elle reçut la visite du comte Paul. Il venait avec Valentine la supplier de rappeler Lucy et de la leur confier pour quelque temps, afin de lui faire prendre le bon air des montagnes. M. le baron était absent ; Me la baronne remercia en son nom et accepta l’offre qui allait lui épargner les soucis et les dépenses d’une maladie. » << M. de la Roche-Brune et sa fille emmenèrent Lucy. » > « La santé revient vite quand la maladie n’est causée que par la contrainte, une famine morale, et que l’âme retrouve d’un coup, sa pature et sa liberté. « A la Roche-Brune, tout fut bientôt calme et joie. Lucy, loin d’y être une charge, comme l’avait d’abord craint Nanette, Lucy y avait apporté l’aisance. Comme autrefois, elle payait au couvent, sa pension en douleurs cachées sous un sourire, elle la payait maintenant au château en activité, en petites inventions productives, en bonne humeur, en jolies chansons qui réjouissaient les voûtes délabrées du vieux castel. » « A la grande satisfaction de la gouvernante, Lucy imagina d’élever en grand la volaille, dont la nourriture ne coûtait presque rien et dont le produit devint une source inattendue de bien être. > Lucy soignait elle-même les couvées, veillait à l’éclosion de la richesse com⚫ mune qui, sous la forme de jolis poussins, sortaient de l’œuf, exactement, disait-elle, comme les mondes et les étoiles de Bavagan. ▸ « Encore, par les soins de Lucy, le vaste potager s’était rempli de légumes qu’on envoyait à la ville. M. Paul, toujours un peu distrait, ne s’apercevait de rien que d’une augmentation de bien-être dont il faisait honneur à la Providence. De temps en temps, Madozet venait le voir et semblait au mieux avec lui. › Plusieurs fois l’audacieux homme d’affaires avait tenté de parler à Valentine, mais celle-ci l’avait su tenir à distance. » « Les jeunes filles faisaient les plus jolis châteaux en Espagne pour le prin-