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LA MISÈRE

CXV L’ABBÉ HUBERT ET Mme MIXLIN - l’idée de Depuis qu’on reparlait dans la mauvaise presse de la maison de convalescence des jeunes filles pauvres, Me Mixlin était comme galvanisée, venger Rose lui donnait la force de vivre. La pauvre femme ne sentant presque rien des besoins de la vie, obéissant à son idée sans regarder autre chose, était parvenue à faire, tout entravée qu’elle était par la misère, le jour qui lui était nécessaire. Elle avait su par exemple, de la bouche même des parents, l’âge de la fille qu’avait perdue Mme Pignard au temps où le jardin était un cimetière. La petite Pignard avait six ans ! précieux indice, que Mme Mixlin recueillit, car entre le squelette d’un enfant de cet âge et celui d’une fillette de onze ans la différence est grande. Mme Mixlin, sans rien dire à personne, alla voir l’inscription mise par les Pi- gnard sur la petite tombe où ils avaient déposé les ossements réclamés par eux ; elle y lut : Ci-git Célanire-Polymnie Pignard, incomparable par ses vertus, Morte à l’âge de six ans. La mère de Rose tenait sa preuve. Pendant ce temps l’abbé Hubert faisait la contre-mine. Il s’informa de toutes les choses relatives à la maison de convalescence, à Davys-Roth, à tout ce qui touchait de près ou de loin à l’église et ayant comme par hasard lié connaissance avec M. X… il se trouva bientôt au courant de tout ce que savait celui-ci ; peu s’en fallut que le policier aux abois, lui fit confidence de ses ennuis relativement aux relations amicales qu’il avait entretenues si long- temps avec de Méria, Nicolas et autres. Bientôt M. X… et l’abbé Hubert devinrent tellement intimes, que l’abbé four- rait son nez dans toutes les affaires. M. X… s’idiotisant de plus en plus, et l’abbé l’éblouissant chaque jour davan- tage par ses talents de jurisprudence, il arriva un moment où il fit complètement tout chez son ami. Les premiers rapports pour les recherches, au sujet de la jeune folle qui s’était enfuie de la maison de convalescence, passèrent dans la poche de l’abbé ; il les fit suivre de quelques lettres de Mme Mixlin échappées à la destruction. Tout ce qu’il trouvait y passait, le résultat de la perquisition faite chez Davys-Roth après l’af- faire du bris de la serrure, tout enfin. La perquisition à la maison de convalescence suivit le même chemin ; M. X… ne feuilletait même plus ses papiers, l’abbé lui épargnait ce soin.