Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/11

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d’herbage qui déferle jusqu’à la mer, où les dos gras des bêtes à la pâture émergent comme des rochers luisants.

Le Ronceray, où elle était née en 1768, à Saint-Saturnin-des-Ligneries, puis un logis analogue et voisin qu’on appelle aujourd’hui la Ferme des Bois, appartenaient tous deux à son père, M. de Corday d’Armont : la classique ferme normande, colombage et pans de briques, élevée d’un étage au milieu d’un verger. Charlotte habitait plus volontiers le château de Mesnil-Imbert, demeure presque aussi modeste que les deux premières, chez ses grands-parents paternels, les Corday de Cauvigny. Elle avait encore sa chambre au château de Glatigny, qui a plus grande allure derrière ses douves et sous ses boiseries fines, et qui appartenait à son oncle Corday de Glatigny.

Elle ne s’éloignait un peu de ces quatre maisons, étroitement groupées, que lorsqu’elle allait habiter chez un autre de ses oncles, l’abbé de Corday, curé de Vicques. C’est au presbytère de Vicques qu’elle apprit à lire dans un exemplaire de Corneille, tout patiné par le temps et l’usage, et pieusement conservé par l’abbé. Il lui répétait souvent qu’elle était l’arrière-petite fille du grand tragique. Il lui