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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/141

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devenir à l’instant victime de la fureur du peuple. Et c’est ce que je désirais. On me croyait à Londres. Mon nom eût été ignoré. »

Mais plus tard, elle avait dû modifier son plan et frapper Marat chez lui. Elle confirma qu’elle aurait passé en Angleterre si elle n’avait pas été arrêtée.

À deux reprises, Montané lui reprocha d’avoir employé des ruses hypocrites pour pénétrer chez Marat. Elle reconnut que ces moyens n’étaient pas dignes d’elle : « Mais ils sont tous bons pour sauver son pays. »

Il fit d’ailleurs confusion, crut que Marat avait reçu la lettre où elle lui demandait protection et qu’elle avait gardée sur elle, tandis qu’elle l’avait en fait alléché par la dénonciation du complot normand : « Comment, dit-il, avez-vous pu regarder Marat comme un monstre, lui qui ne vous a laissé introduire chez lui que par un acte d’humanité, parce que vous lui avez écrit que vous étiez persécutée ? »

Elle ne releva pas l’erreur matérielle et répondit simplement : « Que m’importe qu’il se montre humain envers moi, si c’est un monstre envers les autres ? »

Mais le ton du débat, entre elle et Montané,