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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/143

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dites que vous regardiez Marat comme la cause de tous les maux qui désolent la France, lui qui n’a cessé de démasquer les traîtres et les conspirateurs ?

— Il n’y a qu’à Paris où l’on ait les yeux fascinés sur le compte de Marat. Dans les départements, on le regarde comme un monstre.

Montané soupçonnait surtout les proscrits de l’avoir inspirée. Mais elle s’en défendit si vivement, qu’il dut chercher ailleurs.

— C’est donc dans les journaux que vous lisiez, que vous avez appris que Marat était un anarchiste ?

Elle répondit ces frappantes paroles :

— Oui, je savais qu’il pervertissait la France. J’ai tué un homme pour en sauver cent mille… J’étais républicaine bien avant la Révolution…

Le président dut renoncer à lui découvrir des complices. D’ailleurs, par moments, il semblait se départir de sa rigueur. On eût dit qu’il subissait à son tour, comme la foule, comme les jurés et les juges même, le charme limpide de sa voix et de tout elle-même.

Cependant, il insista âprement pour la convaincre de s’être essayée avant de porter le coup mortel à Marat. D’après les rapports