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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/172

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2 juin, j’ai la vie en horreur. » Il espérait aussi que sa mort serait « plus utile à la liberté que sa vie », qu’elle donnerait à réfléchir aux mandataires du peuple et marquerait la fin de la violence.

Il rédigeait une sorte de testament politique, un Avis aux Français, où il confessait la faillite de sa croyance, quand il apprit la mort de Marat. Il lit les interrogatoires de Charlotte. Il y retrouve sa propre pensée. Il se précipite sur le passage de la condamnée. Son enthousiasme s’exalte encore à sa vue. Il la suit jusqu’à l’échafaud… Désormais, il voit par quelle issue échapper à la vie. Il criera son admiration, il défendra publiquement Charlotte. Aussi recevra-t-il la mort la plus noble et la plus utile. Il mourra pour elle.

En deux jours, il écrit un éloge de Charlotte Corday. La passion l’éclaire et l’anime. Avec quelle lucidité il résume le drame : « Une fille délicate, bien née, bien faite, bien élevée, animée d’un amour ardent de la patrie en danger, se croit obligée de s’immoler pour la sauver, en ôtant la vie à un homme qu’elle pense être la source des malheurs publics. Elle prend cette résolution le 2 juin, s’y affermit le 7 juillet, quitte son foyer paisible ; elle ne