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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/173

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se confie à personne ; malgré la chaleur excessive, elle fait un grand voyage à ce dessein ; elle arrive, sans appui, sans conseil, sans consolateur. Elle conçut, elle exécuta un projet qui, selon ses espérances, devait sauver la vie à des milliers d’hommes. Elle prévoyait son sort… Elle garda toujours sa fermeté, sa présence d’esprit, sa douceur, pendant quatre jours, jusqu’à son dernier soupir. »

Le ton s’avive lorsqu’il peint ses impressions : « Quel fut mon étonnement lorsque, outre une intrépidité que j’attendais, je vis cette douceur inaltérable au milieu des hurlements barbares !… Ce regard si doux et si pénétrant ! Ces étincelles vives et humides qui éclataient dans ses beaux yeux… Regards d’un ange, qui pénétrèrent intimement mon cœur, le remplirent d’émotions violentes qui me furent inconnues jusqu’alors… Pendant deux heures, depuis son départ jusqu’à l’échafaud, elle garda la même fermeté, la même douceur inexprimable… Sur sa charrette, n’ayant ni appui, ni consolateur, elle était exposée aux huées continuelles d’une foule indigne du nom d’hommes. Elle monta sur l’échafaud. Elle expira… Charlotte, âme céleste, n’étais-tu qu’une mortelle ? »