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avait perdu à court intervalle son père et son mari. Ce double deuil avait encore accru sa solitude et son besoin d’affection.

Souvent, Charlotte avait passé une partie de ses vacances de pensionnaire à Verson, dans la banlieue de Caen, où Mme de Bretteville possédait une propriété. Le jour où elle avait quitté l’Abbaye-aux-Dames, sa vieille parente était venue la chercher elle-même en voiture au seuil du couvent. Aussi lorsque, trois mois plus tard, Charlotte lui demanda l’hospitalité, elle l’accueillit comme sa propre fille.

À la mort de son père, un vieil original qui avait thésaurisé jusqu’à son dernier souffle, Mme de Bretteville avait hérité une fortune très importante pour l’époque. Et lorsque son mari, trésorier de France au Bureau des Finances de Caen, disparut à son tour, quelques mois plus tard, elle resta seule maîtresse de biens considérables.

Elle avait soixante-sept ans lorsque Charlotte vint lui demander asile. Elle était toute menue, au surplus voûtée par l’âge, et marquée de la petite vérole. Pieuse, attachée aux traditions, toujours coiffée d’un haut bonnet blanc, elle passait pour un peu naïve. Mais sa