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tribune ! — À l’Abbaye ! — À la guillotine ! »

Mais l’homme s’obstine et tient tête. « Oui, dit-il, parfois la dictature s’impose. » Il justifie les massacres : « Le peuple, obéissant à ma voix, a sauvé la patrie, en se faisant dictateur lui-même pour se débarrasser des traîtres. » Et comme le tumulte continue, il brandit un pistolet, le porte à sa tempe. Il se tuera au pied de la tribune si on le décrète d’accusation. Écœurée, l’Assemblée passe outre. Par son mépris, elle marque sa réprobation. Charlotte n’oubliera plus cette muette sentence.

Elle guette Marat pendant le procès de Louis XVI devant la Convention, en janvier 93. Certes, Charlotte n’est pas tendre pour le roi, ni pour le pouvoir royal. Elle les juge en maximes rigoureuses, d’une frappe cornélienne, dans ces controverses politiques où elle se jette par sursauts. « Un roi faible ne peut pas être bon… Les rois sont faits pour les peuples, et non les peuples pour les rois. » Mais l’exécution de Louis XVI lui apparaît comme une inutile cruauté, le symbole même