Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/60

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scène. Il ne braque point de pistolet vers sa tempe. Et l’Assemblée vote le décret d’accusation. Mais aussitôt, le public exalté des tribunes proteste et vocifère. De plus en plus, il tend à se mêler aux débats. Tour à tour, il acclame, il injurie. À plusieurs reprises, des députés ont voulu sévir contre ses fureurs. Marat est l’idole de ces fanatiques. Aujourd’hui, ils descendent dans la salle, entourent « l’ami du peuple », s’opposent à son arrestation, le prennent sous leur sauvegarde.

Au surplus, lorsqu’il se constitue prisonnier pour comparaître devant le Tribunal révolutionnaire, le président Montané, l’accusateur public Fouquier-Tinville, les juges, les jurés, lui sont acquis. Il dirige lui-même une audience de pure forme. Il est acquitté.

La foule qui bat les murs du Palais de Justice l’accueille à sa sortie d’une clameur unanime, le couronne de chêne et de laurier, puis chantant, dansant, le porte en triomphe à la Convention. Le cortège aux bras nus, hérissé de piques et coiffé de bonnets phrygiens, défile devant l’Assemblée silencieuse. Un sapeur, nommé Rocher, brandissant sa hache, déclare à la barre qu’on devra faire tomber sa tête avant d’avoir celle de « l’ami