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Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/61

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du peuple ». Marat, à la tribune, exalte son innocence et savoure l’apothéose.

Du jour où il est rentré triomphalement à la Convention sur les épaules populaires, il ne cesse plus de s’élever. Dans l’Assemblée, il a ses partisans, les maratistes. Pour ses adversaires, l’épithète est injurieuse. Lui s’en enorgueillit : « Elle deviendra, dit-il, un titre d’honneur ; car il est impossible, sans être maratiste, d’être patriote à l’épreuve, vrai défenseur du peuple, martyr de la liberté. » Désormais il s’érige en grand accusateur près de la Commune, des Cordeliers, de la Convention même. Il culmine.

Charlotte, qui suit l’étonnante ascension, s’en indigne et s’en inquiète. Plus Marat grandit, plus elle le hait. Maintenant, littéralement, il la hante. Elle vit face à face avec l’image détestée.

Elle croit le bien connaître, depuis sept mois qu’elle instruit sourdement son procès. Une phrase lancée par Vergniaud, le plus éloquent des Girondins, la poursuit : « Marat, tout dégouttant de calomnie, de fiel et de sang,