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nirent solennellement pour délivrer la Convention.

Elle traversait, ces jours-là, une de ces crises de coquetterie qui la redressaient chaque fois qu’elle devait paraître dans une robe de gala. Plus de laisser-aller, plus de tête basse, plus « de menton qui touche la poitrine », plus de jupe qui balaie de trottoir. Elle retrouvait son art si sûr de porter la toilette, son autorité charmante et souveraine, sans rien perdre de sa douce réserve.

Dans ces réunions, où elle entrevoyait les Girondins sans toutefois leur parler, elle était attentive à leurs propos, à leur personne, à toutes les particularités qu’elle pouvait recueillir sur leur existence.

Elle vit Gorsas, journaliste mordant, aux traits tourmentés, dont elle lisait le Courrier des Départements ; Buzot, encore tout accablé par la récente arrestation de Mme Roland, à qui l’unissait une amitié tendre et passionnée ; Gundet, maigre et brun, énergique et candide ; Salle qui, par trois fois, en pleine Convention, avait courageusement dénoncé Marat ; Louvet, pâle et mince, spirituel et fringant, à qui le succès de son roman Faublas avait peut-être valu la haine de Marat, cet auteur jaloux et