Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/88

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Il allait lui permettre à la fois d’approcher ses héros, d’obliger une amie et de servir sa grande cause.

En réalité, elle voulait connaître, grâce à l’un des Girondins, réfugiés à Caen, un député siégeant encore et qui l’aiderait à parvenir jusqu’à Marat au sein même de la Convention. Mais, parmi les dix-huit proscrits, lequel choisir et sous quel prétexte l’aborder ?

Et hasard la servit. Elle souhaitait d’intervenir au Ministère de l’Intérieur pour son amie Mlle de Forbin, retirée en Suisse. Or elle apprit fortuitement que la famille d’Alexandrine de Forbin et celle de Barbaroux, toutes deux méridionales, étaient liées d’amitié. Barbaroux était donc tout désigné pour l’aider dans cette affaire.

Mlle de Forbin, chanoinesse à l’Abbaye de Troarn, près de Caen, avait droit à une pension depuis la suppression des ordres monastiques. Le Ministère la lui refusait sous prétexte qu’elle résidait actuellement à l’étranger. On la considérait comme émigrée. Charlotte, qui avait pris en main les intérêts de son amie, jugea qu’elle aurait plus de chance de réussir près des Administrateurs du Calvados. Mais elle avait besoin du dossier qui