Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/90

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hommes du poste courut prévenir Barbaroux, après avoir introduit la jeune fille dans le grand salon du rez-de-chaussée. Cette pièce, démeublée depuis quatre ans, mais encore toute revêtue de ses boiseries finement brodées, avait été en hâte garnie de quelques sièges. Deux députés, assis dans un coin, quittèrent discrètement le salon. C’était Meillan et Guadet. Barbaroux parut bientôt.

L’entrevue fut brève. Charlotte cita leurs relations communes et, de sa voix musicale, exposa posément sa requête, la démarche qu’elle comptait faire pour obtenir le dossier de Mlle de Forbin, l’aide qu’elle attendait de lui. Le Girondin lui proposa aussitôt de la recommander à son ami Lauze de Perret, qu’il allait d’ailleurs avertir par lettre le jour même. Puis il la reconduisit jusqu’au seuil.

Augustin Leclerc les contemplait, en extase. Il avait coutume de dire : « belle comme Charlotte Corday ». Il pouvait désormais ajouter : « Beau comme Barbaroux ». Ils formaient vraiment le couple idéal. Elle, blonde dans la lumière, le teint éblouissant, la taille généreuse, d’une grâce discrète et souveraine. Lui, robuste et brun, le front léonin, les yeux larges et profonds, les dents lumineuses, tous