Page:Michel Corday - Charlotte Corday, 1929.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vait pas lui montrer l’étendue de sa méprise : dans le moment même où il l’interrogeait, elle venait de fixer le seul point encore incertain de son projet, la date de son départ !

Déçue par le petit nombre des volontaires, elle n’était que plus touchée par leur courage. Elle leur épargnerait les combats. À quoi bon exposer ces jeunes existences ? Il suffirait de la main d’une femme pour mettre fin à la guerre civile, pour rétablir la Paix. Elle les devancerait donc à Paris. Elle ne différerait pas davantage son départ. La prochaine diligence pour Paris quittait Caen le surlendemain mardi. Elle la prendrait.

Ce dimanche même, après la revue, elle se présenta à l’Intendance et pria Barbaroux de préparer la lettre de recommandation pour Lauze de Perret et les correspondances dont elle se chargeait. Il promit de les lui faire porter le lendemain. Beaucoup des proscrits étaient réunis dans le grand salon et commentaient la journée. Ils affectaient une confiance qui n’était certes pas dans leur cœur. Charlotte les écoutait ardemment et se mêlait même à leurs entretiens. C’était la dernière fois qu’elle les voyait, avant de les sauver.

Au moment où elle prenait congé, Pétion