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dès le 12 juin sur les listes d’enrôlement. Il est vrai qu’il fut appelé peu après à présider l’Assemblée de résistance de l’Eure. D’autres amis de Charlotte, comme l’abbé de Jumilly, curé constitutionnel de Saint-Jean, figuraient parmi les engagés.

Un dernier effort d’enrôlement fut tenté le dimanche 7 juillet. Ce jour-là, une grande revue, annoncée par voie d’affiches, réunit la Garde nationale sur le Cours-la-Reine. La foule afflua. Des discours succédèrent à la parade, au défilé en musique. Puis le général de Wimpffen, suivi de plusieurs membres de l’Assemblée centrale, parcourut les rangs afin d’inscrire les volontaires. Il ne recueillit que dix-sept noms.

Charlotte assistait à cette revue, près d’un groupe de Girondins qui d’ailleurs ne prirent pas la parole. Elle les connaissait maintenant pour la plupart. Pétion, qu’un beau visage émouvait toujours, remarqua la mélancolie de la jeune fille. Croyant qu’elle s’intéressait particulièrement à l’un des rares volontaires recrutés ce jour-là, il lui demanda : « Seriez-vous fâchée s’ils ne partaient pas ? »

Elle ne lui répondit que par un geste vague. Son secret lui scellait les lèvres. Elle ne pou-