son pays pour lui-même, mais à l’aimer contre les autres, d’un amour orgueilleux et jaloux, avide de suprématie totale, plein de raillerie, de dédain ou d’hostilité à l’endroit des voisins. Même le sport, si salutaire en soi, a été dévié de son but, est devenu pour lui une école de violence et de chauvinisme : les premiers avions, survolant les frontières, lui ont été représentés non pas comme les messagers de la paix, mais comme les engins possibles d’une victoire. Et les premiers journaux qu’il ait lus, les premières pièces qu’il ait vues, exploitant les mêmes instincts, perpétuant les mêmes malentendus, les mêmes erreurs, n’ont fait qu’exalter en lui ce fanatisme furieux. Tout le vouait au culte de la Force et de la Haine.
« Et en regard, dans un esprit impartial, lui a-t-on inspiré l’amour et le respect des grandes vertus d’humanité ? Après l’avoir prosterné devant le passé, l’a-t-on tourné vers l’avenir ? A-t-on fait luire à ses yeux l’espoir de temps meilleurs, a-t-on éveillé dans son esprit le désir sincère de les préparer ? Lui a-t-on montré que les hommes pourraient guérir de la guerre, que des arbitrages suprêmes, appuyés d’une police internationale, pourraient prévenir les conflits nouveaux et vider les vieilles querelles ? Que les