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Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/149

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croirait au début de la guerre. C’est la même angoisse furieuse et résolue. Les craintes ont encore exalté les vindictes et les exigences. Un vieux petit diplomate, friable et blanc comme un os de seiche, reprend par les armes tous les territoires envahis. Villequier, n’écoutant que le courage des autres, s’élance jusqu’au Rhin. Un vaudevilliste, promu stratège, pousse plus loin, afin que l’ennemi connaisse les horreurs de l’occupation. Notre bon docteur Daville, malgré ses quatre-vingts ans, dépèce l’Allemagne. Et tous exigent, si c’est nécessaire, dix ans, vingt ans de lutte.

René, encore pâlot de sa blessure, écoutait d’un air surpris tous ces héros qui prolongeaient la guerre sans la connaître. Mon mari semblait satisfait, un éclair de malice au coin des des yeux qui rient toujours.

J’ai su par mon vieux Paron les autres événements de ces dernières semaines. Encore des poursuites : Paix-Séailles, accusé d’avoir communiqué à des journaux un rapport sur les effectifs de Salonique, qu’il tenait d’un officier de l’entourage de Sarrail ; l’ancien directeur de la Sûreté générale Leymarie, inculpé de complicité de commerce avec l’ennemi ; le président Monnier frappé de la plus haute peine, la