Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/148

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dans la gorge, on entend, à travers les cloisons minces, les duos d’amour, leurs roucoulements, leurs indicibles audaces de paroles, et tous les cris du plaisir…

Enfin, un matin, le médecin m’a ressuscitée d’un mot : « Sauvé. » Dès que j’ai pu, j’ai emporté mon fils. Le voici près de nous, pour un mois. Peut-être pourra-t-on prolonger son repos. Mais je ne veux pas penser si loin. Je suis trop lasse, et trop heureuse.

27 Novembre 1917.

Pendant ces jours où je vivais à peine, j’ai tout ignoré de la guerre. Ma parole, on aurait signé la paix, que je ne l’aurais pas su. Pour moi, une page manquait à l’histoire.

Aussi, toute au bonheur d’avoir ramené mon fils, je ne m’expliquais pas les visages crispés, les propos fébriles des gens accourus pour nous féliciter. Mais on m’a appris l’arrivée des maximalistes russes au pouvoir, leur demande d’armistice, juste au lendemain de la défaite italienne. J’ai compris la consternation générale. On se