D’après les journaux de pays neutres, les ouvriers allemands ont créé des Comités analogues aux Soviets russes. On nous cache l’existence de ces organisations. Pourquoi ? Peut-être craint-on de nous montrer que ce peuple n’est pas aussi servilement caporalisé qu’on nous l’a toujours dit ? Peut-être appréhende-t-on la contagion de l’exemple ? J’y vois surtout l’hostilité de nos maîtres contre une révolution allemande, qui serait capable de hâter la fin de la guerre, d’amener la paix avant qu’ils n’aient touché leurs buts.
Certains de ces journaux rapportent une interview de Clemenceau par un journaliste hollandais. Il aurait dit d’un ton goguenard à son interlocuteur : « Vous y croyez, vous, à la Société des Nations ? » Ce n’est pas possible. Même s’il ne lui apparaît pas que cette guerre diffère totalement de celles du passé, dans ses formes et sans doute dans ses conséquences, comment Clemenceau découragerait-il délibérément les innombrables combattants qui croient préparer