Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/222

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lui-même à poursuivre la guerre, il ne pouvait pas reprocher à ses prédécesseurs de ne l’avoir pas arrêtée l’an dernier. Cependant, bien des consciences étaient ébranlées : la motion ne fut votée que par 14 voix contre 5, et 6 abstentions. Et, en l’adoptant, certains députés obéissaient au souci, ingénument avoué, d’éviter un débat public : « Il ne faut pas que les soldats, en pleine bataille, puissent croire qu’on aurait pu faire la paix depuis un an ». Le but est atteint : ils l’ignorent…

Paron, qui m’a signalé la faible majorité du vote, ajouta :

— Quoi qu’il en soit, l’offre de paix séparée de l’Autriche est enterrée. C’est même son bout de l’an. Mais il faudra l’exhumer, plus tard, afin de connaître les mains qui l’ont étouffée. Les origines de la guerre, bien qu’elles me semblent claires, resteront nébuleuses à la plupart des yeux. Tandis que les responsabilités des prolongeurs de guerre pourront être nettement dégagées. S’il est bien établi qu’on pouvait signer une paix paisible au printemps 1917, quel enseignement pour l’avenir ! Car alors apparaîtront en pleine lumière les plus féroces artisans du massacre, ceux qui, pour toucher des buts secrètement convoités, auront accumulé de nou-