Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/234

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fléchissement d’une division anglaise, au repos à Berry-au-Bac, entraîna le recul général. Puis viennent les gaz toxiques, irrésistibles. La défection russe, qui permit aux Allemands de se concentrer à l’ouest. Hier, à la Chambre, Clemenceau donna, sur l’inégalité des forces en présence, des précisions qu’on a prudemment supprimées à l’Officiel. J’entends déplorer aussi des malchances militaires. Le 27 mai, Foch, croyant que l’attaque sur l’Aisne n’était qu’une feinte, se réservait pour le Nord. Mais tout le monde peut se tromper : le 21 mars, Pétain, croyant que l’attaque sur la Somme n’était qu’une feinte, se réservait pour l’Argonne.

On invoque enfin l’effet de surprise, bien qu’on nous eût annoncé chaque matin depuis quinze jours : « C’est pour demain ». Et les anecdotes de courir. Le 27 mai, des infirmières d’une formation sanitaire virent arriver une auto-mitrailleuse pleine d’officiers allemands. Elles s’esclaffèrent d’abord : elles croyaient à une bonne plaisanterie d’officiers français déguisés… À propos de déguisements, on conte aussi que des officiers, surpris par l’attaque pendant qu’ils jouaient la comédie à l’arrière-front, durent se replier sans prendre le temps de quitter leurs travestissements. Et sur les ponts de l’Aisne,