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— La houille rouge.

À peine eut-elle parlé que l’image, à mes yeux, s’agrandit et se précisa. Sur le fleuve de sang qui coule depuis quatre ans, se dressent en effet, jusqu’à l’estuaire, d’innombrables moulins de toute taille, dont les meuniers récoltent une mouture dorée, de fortune et d’honneurs. Mais, près de la source, dans le repli de la montagne, d’autres hommes, tout-puissants, ont déjà capté le plus pur de l’énergie. Ce sont les vrais maîtres, de la guerre, ceux qui en attendent les grands bénéfices d’industrie, de commerce, de mines et de douanes. Et, tandis que dans la vallée tout un peuple de profiteurs fait tourner sa roue, eux, sur les hauteurs, accumulent au service de leurs énormes entreprises les forces vives de ce torrent de sang.

5 juin 1918.

La préoccupation de l’offensive domine, bien que l’élan de la première poussée semble s’apaiser. Selon la coutume, on soulage le mal en recherchant ses causes. De l’avis unanime, le