Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/246

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nait de l’avouer ouvertement. Comment accorder toutes ces rumeurs avec le canon de l’offensive ?

D’ailleurs, dès aujourd’hui, cette attaque apparaît toute différente de celles de mars et mai. Elle n’a pas produit d’effet de surprise et semble contenue. La foule s’en félicite. Dans la chaude et cordiale atmosphère des dîners, des réunions d’amis ou de famille, on a l’espoir féroce : « Il paraît qu’on en tue énormément… Tant mieux… On n’en tuera jamais assez. » L’idéal de l’humanité est devenu : « Tuer du Boche. » On relit, on approuve l’ordre du jour récent d’un général à ses troupes : « Chacun n’aura qu’une pensée : en tuer, en tuer beaucoup, jusqu’à ce qu’ils en aient assez. »

17 juillet 1918.

Ceux qui se félicitent du communiqué, d’un air gourmand : « c’est bon », ceux-là vont au résultat sans s’arrêter au prix qu’il coûte. Leur satisfaction n’est pas voilée par la pensée de nos morts.

Sans doute ne réalisent-ils pas la guerre, parce