Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/247

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qu’ils en gardent, au fond de leur cerveau, une notion surannée. Je ne peux pas m’expliquer autrement leur insensibilité. Ils en sont encore aux images anciennes, aux batailles rangés entre petites armées, aux mousquetaires, aux lansquenets, qui avaient accepté les avantages et les risques du métier et qui ouvraient la tranchée au son du violon.

La preuve en est qu’on emploie toujours les mots de jadis, pivot, charnière, rabattement, enveloppement, écrasement, qui ne s’appliquent plus aux masses énormes des nations en armes. Elles font éclater ces moules étroits. Dans cette guerre, tout est nouveau, pour tout le monde. Cependant, on conserve ces notions et ces vocables périmés. C’est vouloir faire tenir la planète dans un coquetier.

21 juillet 1918.

En trois jours, la face des êtres et des choses a changé. Une contre-attaque, commencée le 18, a déjà délivré Château-Thierry, que les Allemands occupaient, paraît-il, depuis leur offensive