Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/264

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on garde la hantise hallucinante de visages démontés, hystériques, apparus aux guichets des cellules. Ce sont des moutons à côté d’un chauvin qui entend aujourd’hui parler de la paix.

12 septembre 1918.

Mon fils repart demain pour l’est, après dix jours de permission. Paron entre nous deux, nous avons achevé la soirée dans le petit salon. Ils ont discuté de la guerre et de l’avenir. Comme ce dernier entretien m’a frappée…

Peut-être pour me consoler, me réconforter, mon vieil ami annonçait l’issue prochaine, malgré la démence accrue, l’onde furieuse qui nous emporte. Et il prévoyait, dans le lointain du temps, le retour à la raison, la fin des massacres.

René n’aime pas parler de la guerre. Là-dessus, il est muet. On le devine stoïque. Pourtant, il a protesté fermement contre les dernières paroles de Paron :

— Il y aura toujours des guerres. Croyez-moi. Les hommes aiment se battre, les nôtres comme