Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/277

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Ils n’y croient pas. Ou bien, ils craignent qu’elle ne soit pas encore assez complète.

Ils courent sur leur erre. Saturés du poison de la presse, ils continuent de réprouver une paix qu’on a salie de honte à leurs yeux depuis quatre ans et qu’on ne cesse pas de leur prédire déplorable. Ils refusent encore d’imaginer que l’Allemagne soit vaincue. Ils restent persuadés que « plus on avancera, plus la paix sera avantageuse ». Ils clament toujours « qu’il faut battre l’ennemi par les armes » alors qu’il s’avoue battu ; qu’il faut tuer du Boche », oubliant qu’ils font tuer autant de Français ; ou encore « qu’il faut leur prendre leur matériel par la force », sans savoir si l’armistice ne leur livrera pas ce matériel sans combat. Ô l’horreur de ces suprêmes massacres, qui sont peut-être deux fois inutiles !

Ces formules toutes faites, ces opinions suggérées, sont d’autant plus vite admises qu’elles flattent dans les âmes les vieux instincts de poursuite, de vengeance et de meurtre. Et comme elles servent bien l’effort exaspéré des prolongeurs grands et petits, de tous ceux que la guerre favorise, de tous ceux qui ont fondé leur vie sur elle, de tous ceux, surtout, qui tremblent de ne pas pouvoir encore assouvir