Page:Michel Corday - La Houille Rouge, 1923.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mon mari parut un instant déconcerté devant un tel péril. Mais l’inspiration jaillit :

― Ah ! pardon, il faudrait les chasser de Belgique.

Oui, ils montent tous une garde vigilante autour de la guerre. Qu’on n’y touche pas ! Le sénateur Foucard, le regard sombre, le cheveu noble, le jabot en bataille, arpentait le salon. Toutes ces rumeurs de propositions nouvelles, de replis allemands, même d’armistice et de révolution russe, l’agitaient d’inquiétude. Il se campa devant moi et, se pétrissant les mains, la voix jugulée :

― Non, non. Pas de paix blanche ! Pas de paix blanche !

Je n’ai pas pu retenir :

― Vous préférez une paix rouge.

Ah ! je serais morte depuis longtemps, si les regards fusillaient.

13 mars 1917.

On voit maintenant, aux terrasses des cafés, dans les restaurants, des soldats mutilés, décorés de la croix de guerre ou de la médaille mili-