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taire, qui vendent des cartes postales ou qui chantent des refrains patriotiques. Puis, ils font la quête. Naturellement, tout le monde donne. La caissière, qui manque toujours de monnaie, leur change leur billon contre des billets. C’est un protocole réglé.

Autre spectacle, aussi fréquent, mais plus pénible. Dans la rue, deux gardes républicains, confortables, sanglés dans leur buffleterie neuve, claquant dans leur tunique comme une mortadelle dans sa peau, arrêtent, pour lui demander ses papiers, un pauvre petit soldat en capote boueuse, émiettée par trois ans de guerre.

16 mars 1917.

Pendant la soirée d’hier, chasse aux nouvelles, à coups de téléphone. Depuis le 11, on ne savait presque plus rien de la Russie. Le bruit courait que le tzar avait été assassiné, ou qu’il marchait sur Pétrograd. En dernière heure, on assurait qu’il avait abdiqué, qu’il était remplacé par un grand-duc régent. L’allégresse est vive parmi les gens de mon entourage. Car ils